MATTI PITKÄNEN « ADN & MÉCANIQUE QUANTIQUE, UNE NOUVELLE COSMOLOGIE DU VIVANT »


Enregistrement : 22/05/10

Physicien finlandais marginalisé parmi ses pairs, Matti Pitkänen est l'auteur d'une théorie révolutionnaire sur la constitution de l'univers, qui entend révolutionner l'histoire des sciences en démontrant que l'ADN communique avec l'univers.

Un rapprochement entre la physique et la biologie, point de départ d'une nouvelle cosmologie du vivant dans laquelle les trous de vers jouent le rôle de microscopiques canaux de communication à travers l'univers à huit dimensions de la géométrodynamique topologique.

Propos recueillis par Laurent Courau
LaSpirale.org tient à remercier tout particulièrement Thomas Fédérici pour son aide dans une traduction particulièrement ardue.



Comment expliqueriez-vous la géo-métro-dynamique topologique à un profane sans grande connaissance scientifique ?

C'est une question ardue... La TGD telle qu'on la connaît aujourd'hui s'est en fait développée au travers de plusieurs généralisations de la vision originale. Peut-être serait-il préférable de commencer par expliquer les motivations qui ont conduit à dégager les principes de base de la TGD, ainsi que les généralisations qui en ont découlé :

01. La première motivation date environ de 1977 et portait sur un problème conceptuel inhérent à la théorie de la relativité générale d'Einstein. Cette théorie de la gravitation est la meilleure dont on dispose jusqu'à présent, mais le souci vient du fait que la notion d'énergie n'y est définie mathématiquement que de façon très sommaire. Ma proposition pour combler ce manque était que les espace-temps n'étaient pas juste des espaces mathématiques abstraits et distincts à quatre dimensions, mais plutôt des surfaces quadridimensionnelles au sein d'une sorte d'espace-temps supra dimensionnel possédant les mêmes équilibres géométriques que l'espace-temps vide de Minkowski, sur lequel on base les lois classiques de conservation, y compris la conservation de l'énergie. Très vite, il devint évident que la TGD pouvait également être considérée comme une généralisation du modèle des cordes, devenu à la mode vers 1984 : les cordes seraient alors remplacées par des surfaces 3D.

La propriété physique de la surface en question apporte quelque chose de complètement nouveau à creuser : la forme et la taille d'une surface spatio-dimensionnelle, vues de la perspective d'un espace supra dimensionnel. Cela amène l'idée que quelqu'un pourrait éventuellement comprendre les équilibres géométriques de cet espace supra dimensionnel, quel qu'il soit, à la lumière des équilibres connus de la physique élémentaire des particules. Il s'avère que ce fut le cas. Cet espace supra dimensionnel doit alors être appréhendé en huit dimensions en se basant sur la théorie de l'espace-temps de la relativité spéciale de Minkowski. Cela consiste à remplacer ses points par de petits espaces à quatre dimensions dont le choix est unique, à la condition que la théorie explique les symétries connues de la physique des particules ainsi que les nombres quantiques des particules élémentaires. Cela donnerait vie au rêve d'Einstein : la géométrisation de la physique en ajoutant la forme de l'espace-temps comme un degré supplémentaire de liberté.

L'espace-temps considéré comme une surface à quatre dimensions s'est révélé d'une structure extrêmement complexe, comparé aux clichés habituels que l'on nourrit au sujet de l'espace-temps dans la relativité générale. Pour être plus précis, celui-ci comporte plusieurs couches. On pourrait imaginer l'ensemble ainsi : des feuilles de taille délimitée, collées sur de plus grandes feuilles, avec de minuscules trous de vers de la taille de particules élémentaires en guise de colle. Ces « points de colle » ont en fait été identifiés comme une sorte très particulière de particules élémentaires que l'on nomme des bosons. Le photon est l'exemple de boson le plus basique. Les « feuilles » citées un peu plus haut sont extrêmement proches l'une de l'autre. Il est possible de schématiser ce que j'explique en remplaçant les feuilles par de vraies feuilles de papier superposées qui ne se toucheraient qu'en certains endroits précis.

En fait je ne me souviens pas de l'année où j'ai réellement pris conscience qu'il était possible de voir ce schéma structurel tout autour de nous : la surface extérieure de divers éléments macro et microscopiques qui nous entourent pourraient correspondre aux frontières de ces couches d'espace-temps. Cette idée m'a mis des frissons dans la colonne vertébrale pendant des mois...

02. L'élaboration d'une théorie quantique axée sur cette idée m'a mené à voir la physique quantique comme une géométrie basée sur une infinité de dimensions. Cela implique une généralisation du programme d'Einstein sur la géométrisation de la physique classique à l'aune d'une géométrie spatio-temporelle à quatre dimensions. La géométrie de cet espace au nombre infini de dimensions, constitué par ces surfaces spatio-temporelles devrait exister pour ainsi nous procurer une géométrisation de la physique quantique.

La seconde idée-clé, liée aux résultats mathématiques inhérents à l'espace des boucles fermées (ou cordes fermées), était que l'existence d'une géométrie au nombre infini de dimensions pourrait être complètement unique, à la condition sine qua non qu'elle existe mathématiquement. La physique serait alors unique comme les champs de nombres classiques le sont. Des symétries énormes qui étireraient les symétries déjà énormes responsables des miracles mathématiques auxquelles on doit les modèles de super cordes pourraient donner corps à cette existence mathématique recherchée.

03. Plus tard, d'autres généralisations de la structure basique ont émergé et ont donné de l'essor à la généralisation de la TGD pour aboutir à une autre vision de la physique : la physique basée sur une théorie généralisée des nombres.

Je me suis rendu compte dans les alentours de 1993 que les fameux champs de nombres p-adiques (ndt : objet mathématique qui peut se concevoir comme une suite de chiffres en base p, éventuellement infinie à gauche de la virgule mais toujours finie à droite de la virgule) pourraient être utiles à la compréhension des masses de particules élémentaires. Le mécanisme déterminant la masse des particules élémentaires est toujours ouvert aux interprétations, et le fameux mécanisme de Higgs pourrait n'être au mieux qu'une description phénoménologique et partiellement correcte : le LHC (ndt : Large Hadron Collider ou "grand collisionneur de hadrons" en français : accélérateur de particules, la plus puissante et la plus médiatisée des installations du CERN, le plus grand centre de physique des particules du monde basé sur la frontière franco-suisse) devrait apporter beaucoup d'éléments de compréhension dans ce domaine si la « particule de Dieu » est découverte (surnom attribué au boson de Higgs).

Les résultats de calculs de masses p-adiques ont été couronnés de succès et il est devenu possible de comprendre, par la théorie des nombres, le mystérieux nombre basique de la physique des particules défini par un ratio extrêmement petit de masse protonique par rapport à la masse de Planck. En fait, la physique p-adique procure toujours la meilleure clé face aux nombreuses prédictions scientifiques fondées des arguments simplistes. Je dois admettre qu'à ce niveau de techniques calculationnelles, la TGD est encore distancée par des théories telles que celle des cordes. Le plus gros de mon travail relève encore de la conceptualisation mathématique.

L'enjeu était de déterminer à quoi les surfaces p-adiques d'espace-temps correspondaient. La volonté d'identification portait sur la corrélation entre la chose mathématique et l'esprit selon Descartes (et ses « bulles de pensées » pourrait-on dire). La tentative d'unifier la physique ordinaire basée sur les nombres réels et la physique p-adique relevant des nombres p-adiques a abouti à une proposition de généralisation du concept du nombre en fusionnant les nombres réels et p-adiques au sein d'une structure plus large considérant les nombres rationnels (ratio de nombres entiers) comme point commun. Cette physique découlant d'une vision théorique généralisée du nombre implique encore d'autres aspects. En particulier, on peut ainsi comprendre le choix de cet espace imbriqué de huit dimensions, soutenu par la physique courante des particules élémentaires à la lumière de la relation entre la théorie des nombres et les champs classiques de nombres (réels, complexes, quaternions et octonions).

04. La hiérarchie de la constante de Planck mène à une généralisation de la TGD encore plus poussée.

De diverses et étranges anomalies liées à l'interaction entre les champs magnétiques de basses fréquences et le cerveau d'un vertébré, ainsi que sa membrane cellulaire, suggère que la matière vivante est un système quantique à l'échelle macroscopique. C'est très difficile à comprendre dans le cadre de la théorie quantique standard. Il y eut aussi l'observation du théoricien français Laurent Nottale qui suggérait la quantification de Bohr au moyen de gigantesques constantes de Planck pour les orbites planétaires. Ces apports aboutirent à la proposition que la théorie quantique pourrait être généralisée en attribuant à la constante de Planck un plus large spectre de valeurs.

Si la valeur de la constante de Planck est large, cela donne de l'ampleur à la phase quantique macroscopique : l'augmentation de la constante de Planck signifie en substance un agrandissement de la taille du « tye system », c'est-à-dire de l'électron. Ainsi les particules commencent à s'enchevêtrer et donnent selon mon intuition la cohérence quantique macroscopique. De plus ces phases quantiques macroscopiques devraient être interprétées comme de la matière noire et de l'énergie noire, des substances mystérieuses dont on sait juste récemment qu'elles existent. La matière noire serait alors une part essentielle de la matière vivante.

Au-delà d'une théorie physique et mathématique, la TGD est aussi en grande partie une théorie de la conscience où l'ADN jouerait un rôle primordial. L'ADN capable d'hypercommunication via des trous de vers magnétiques. Pouvez-vous commenter cet aspect particulier de la TGD ?

01. Avant d'entrer dans la biologie, j'aimerais expliquer les motivations et les idées de base derrière cette théorie de la conscience inspirée de la TGD.

La motivation première de cette théorie provient de certaines expériences personnelles et du besoin de généraliser la théorie ordinaire de la mesure quantique, infestée de difficultés conceptuelles qui se révélèrent spécialement vives dans le cadre structurel de la TGD. Le challenge repose essentiellement sur le fait que l'observateur est toujours extérieur dans la théorie quantique alors qu'il s'agit ici d'établir l'observateur comme une part inhérente du système physique. Cela exige que l'expérience de la conscience puisse être appréhendé en termes de physique quantique. La théorie quantique de la conscience entre alors en jeu. A ce propos, l'évolution de ces théories remonte à l'année 1980, lors d'une conférence qui s'est tenue à Esalem.

La notion de base de la théorie de mesure quantique est la « réduction de fonction d'état ». En mesure quantique, le résultat de mesures individuelles n'est pas prévisible. Il y a typiquement un nombre limité de résultats et seul l'un d'entre eux est possible et, par là-même, imprévisible : on ne peut prévoir que des probabilités pour divers résultats. Cette non-prévisibilité entre en conflit aigu avec le caractère déterministe de l'équation de Schrödinger qui fournit une excellente description du système atomique. Il doit être possible de surmonter cette contradiction - peut-être en modifiant les allégations de base qui se cachent derrière ce que nous appelons la physique moderne. Dans le climat de recherche actuel dépendant de la « Big Science » (cf. définition dernier paragraphe, ndt), ce genre de modifications n'a jamais été propice au succès professionnel, ce qui expliqueraient que ces difficultés aient été occultées pendant près d'un siècle.

Le postulat est que cette réduction de fonction d'état - ou saut quantique - ne prend pas de place au niveau de l'espace-temps. Celle-ci remplacerait plutôt entièrement l'évolution déterministe du temps obéissant à l'équation de Schrödinger. Dans le cadre de la TGD, l'espace-temps lui-même se verrait remplacé (c'est une assertion bien peu précise, j'en conviens...). Cela signifie la recréation totale d'un univers à quatre dimensions. L'univers se recréerait lui-même, encore et encore, et chaque recréation serait un moment de conscience. Cela nous amène à une toute nouvelle et quelque peu dramatique vision entre le temps expérimenté, vécu, et le temps géométrique du physicien.

Le principe dynamique de base de la théorie de la conscience serait celui de la maximisation de la néguentropie (PMN) qui affirme que l'information contenue dans l'expérience consciente est maximale. On arrive à cela si la fameuse entropie de l'intrication est minimisée dans la réduction de fonction d'état - ou auto-mesure qui est une notion plus générale. Le PMN donne les mêmes prédictions que la théorie de la mesure quantique standard dans la physique basée sur les nombres réels. En particulier, le caractère aléatoire des résultats liés à la réduction de fonction d'état génère une entropie thermodynamique dans un système contenant un large nombre de particules et prédit la seconde loi de la thermodynamique. Mathématiquement, la fameuse entropie de Shannon définit l'entropie de l'intrication comme un moyen de mesurer le manque de connaissance. L'entropie de Shannon soutient que l'on ne peut savoir si le fameux chat de Schrödinger bloqué dans sa boîte avec la fiole de poison est mort ou vivant.

Ainsi, quelque chose de nouveau et de totalement inattendu émerge et force à révise les vues de la théorie quantique. La physique p-adique a amené la découverte des fameuses entropies de nombres théoriques qui prennent leur sens au croisement des sphères p-adiques et réelles, ce qui correspond en gros aux nombres rationnels. Cette étonnante trouvaille vient de ce que ces entropies peuvent également être négatives ; dans ce cas, l'intrication transporte de l'information, de quelque manière que ce soit. L'interprétation est que l'information consciente ne porte pas sur l'état du chat, mais plutôt sur une règle bien plus abstraite qui soutient que le chat meurt si la fiole libère son poison ou qu'il se sent parfaitement bien dans le cas contraire.

La réduction de fonction d'état gouvernée par le PMN mène dans ce cas à un état encore plus enchevêtré, avec encore plus d'informations superposées. Le résultat de la réduction de la fonction d'état n'est alors plus aléatoire. Les sauts quantiques pour un large nombre de systèmes ne nécessitent plus de générer d'entropies thermodynamiques dans ce genre de situation. La seconde loi de la thermodynamique ne serait plus valable en-deçà d'une certaine échelle de temps. Cela évoque furieusement ce qui se passe avec la matière vivante. La génération de cette intrication néguentropique conduirait à la formation d'entités conscientes beaucoup plus grandes et pourrait jouer un rôle fondamental dans la compréhension des mystères de la biochimie, en particulier en ce qui concerne l'aptitude des bio-molécules à interagir et coopérer comme de minuscules créatures conscientes, ce que la TGD prévoit. En fonction de la situation, l'expérience consciente accompagnant la génération d'une intrication néguentropique pourrait être l'expérience du processus de compréhension ou même du sentiment d'amour. Le moment de « l'Eurêka » pourrait être une intrication néguentropique entre les états quantiques représentant le problème et sa solution.

02. Cette notion peut se combiner avec les notions d'espace-temps multicouches et de hiérarchie des constantes de Planck, prédisant des effets quantiques sur des échelles arbitrairement longues. Voici la vision de la biologie qui en résulte.

En marge du corps biologique ordinaire, le corps existe aussi sous forme de champs (en particulier ce qu'on appelle le corps magnétique (peut-être que Mesmer n'avait pas totalement tort ;)) qui est un équivalent plutôt concret de la TGD dans le cadre des champs électromagnétiques créés par un système vivant. N'importe quel système serait doté de ce genre d'identité de champ. L'entité magnétique est beaucoup plus large que l'entité biologique qui la génère. L'électroencéphalogramme (EEG) et sa généralisation prévue serait responsable de la communication des données sensorielles émises par le corps biologique à l'attention du corps magnétique, ainsi que du contrôle de la matière vivante par le corps magnétique. Ce contrôle s'inscrirait le plus naturellement du monde au sein du génome. La matière obscure contenue dans le corps magnétique pourrait être un agent intentionnel contrôlant le corps biologique et s'y identifiant comme un enfant peut s'identifier à un héros de cinéma. Cette matière obscure n'est finalement peut-être pas aussi obscure qu'on le croyait jusqu'à maintenant. Elle interagit avec la matière visible, mais cette interaction n'est pas visible dans les accélérateurs de particules élémentaires. L'interaction peut toutefois être observée dans la matière vivante. La matière obscure ou noire aurait même été photographiée par le biologiste russe Peter Garaiev...

Ces tubes de flux qui connectent les bio molécules les unes aux autres feraient de la matière vivante une sorte de toile d'Indra (ndt : Très loin dans la demeure céleste du Grand Dieu Indra, se trouve un filet merveilleux, accroché par des artisans ingénieux de telle sorte qu'il s'étend à l'infini dans toutes les directions. Conformément aux goûts prodigues des dieux, l'artisan a suspendu un joyau unique et étincelant à chaque noeud du filet et de même que le filet lui-même est infini en dimension, les joyaux sont infinis en nombre. Là, pendent les joyaux, étincelants comme des étoiles de première grandeur, une vision merveilleuse à percevoir. Si maintenant nous sélectionnons arbitrairement l'un de ces joyaux pour l'examiner et l'observer avec attention, nous découvrirons que sur sa surface brillante se reflètent tous les autres joyaux de la toile, infinis en nombre. Et non seulement cela, mais chacun des joyaux réfléchi dans ce joyau singulier reflète également tous les autres de telle sorte que le processus de réflexion est infini. - Source : http://www.lesmandalas.net/mandalas-sacres/Asie/Le-filet-d-Indra.html). Par exemple, une phase de transition réduisant la valeur de la constante de Planck pour ces tubes de flux magnétiques raccourciraient ceux-ci et rapprocheraient les bio-molécules de façon à ce qu'une réaction en résulte. Cela pourrait être le mécanisme basique qui se cache derrière la mystérieuse aptitude des biomolécules à se retrouver entre elles dans une soupe dense de biomolécules.

L'hypothèse de l'ADN qui agirait comme un ordinateur quantique topologique fait partie de l'histoire. Feynman fut le premier à soulever la notion d'ordinateur quantique : l'idée la plus répandue et néanmoins partiellement pertinente est qu'un grand nombre d'opération informatiques ordinaires pourraient être menées en parallèle par le même système. La conception de ces ordinateurs quantiques est plus qu'ardue dans le contexte actuel de la physique quantique courante. Si de grandes valeurs de la constante de Planck sont possibles, la situation change. on peut dès lors imaginer plusieurs possibilités mais celle que j'ai retenue et creusée repose sur l'idée que les nucléotides des fils d'ADN représentant le code génétique (« écrit » au moyen de quatre codes lettrés) sont connectés par des tubes de flux magnétiques aux lipides des nucléons, ainsi que probablement aux membranes cellulaires. La structure résultante est connue sous la forme d'une tresse - l'ADN à double hélices est un exemple très simple de tresse à seulement deux fils. Les lipides de la membrane cellulaire forment un liquide bidimensionnel et le flux de ce liquide emmêlerait les tubes de flux de façon très complexe. Imaginez deux danseurs dont les pieds seraient reliés à un mur par des fils. Une fois que la danse est lancée, ces fils s'emmêleraient forcément. La danse serait le programme informatique en cours d'exécution et l'enchevêtrement qui en résulterait encoderait la mémoire du programme.

Pour être encore plus clair, quelles seraient les applications de votre théorie au travers des différents champs ? Les possibilités semblent infinies...

01. Tout d'abord, j'aimerais expliquer pourquoi les explications varient selon que l'on soit en physique des particules élémentaires ou en cosmologie.

Dans le cadre de travail de la TGD, le réductionnisme est remplacé par la fractalité. Cela préfigure une nouvelle physique dans toutes les échelles de longueurs. les caractéristiques générales de cette nouvelle physique sont les mêmes en ce qui concerne les échelles en vigueur mais chaque échelle de temps et de longueur apporterait quelque chose de neuf et intéressant. Plus précisément, la hiérarchie des constantes de Planck prévoit une nouvelle physique fascinante, d'autant plus intéressante du point de vue de la biologie. Mais pour le moment, les méthodes expérimentales pour détecter la matière noire telle qu'elle est identifiée en TGD sont pratiquement inexistantes pour des raisons évidentes. Un travail titanesque est requis.

Il existe également une nouvelle vision de la vraie nature de l'existence physique. j'ai déjà mentionné la physique p-adique et la hiérarchie des constantes de Planck (matière obscure). En physique standard, les états physiques sont caractérisés par leur énergie et autres nombres quantiques : cela implique toutes sortes de quasi-paradoxes plutôt déplaisants. Dans le cadre de travail de la TGD, les états physiques sont remplacés par des états à l'énergie zéro. Ces états à énergie zéro peuvent être perçus comme les équivalents des événements physiques de l'ontologie standard - ou réaction des particules - avec des parts d'énergie positive et négative d'états à énergie zéro, identifiées comme les stades initiaux et finaux d'un phénomène physique. Une fluctuation quantique créant un état virtuel à partir du vide serait une manière de décrire les états à énergie zéro en physique standard. Cela mène à une vision profondément nouvelle de la physique qui laisse entrevoir des perspectives très intéressantes. Par exemple, la théorie attribue des échelles de temps macroscopiques aux particules élémentaires, ce qui établirait une connexion entre la sphère macroscopique et la physique des particules élémentaires. plus précisément, une échelle de temps fondamental de .1 secondes est associée à l'électron. Il se trouve que cette échelle de temps correspond alors au bio rythme fondamental de 10 Hz (bande alpha en EEG), ce qui est effectivement très intéressant.

02. Considérons quelques applications en guise d'exemples :

- Je considère les calculs de masse p-adiques comme le principal succès quantitatif de la TGD en physique des particules élémentaires. L'existence d'une large variété de nouvelles particules est hautement suggestif, prometteur. Le LHC devrait tester sous peu, dans les années à venir, ces quasi-prédictions.

- Un modèle de noyau atomique basé sur la notion de corde nucléaire émerge et prédit de nouveaux types de noyaux atomiques et exotiques. Il existe de nombreuses anomalies qui pourraient servir de pièces à conviction, mais un travail systématique est requis pour étayer le tout.

- Une nouvelle description géométrique des liaisons chimiques basée sur l'espace-temps multicouches émerge en chimie. J'ai déjà fait état de l'interaction entre la matière dite ordinaire et la matière obscure (ou noire), via les corps magnétiques dans la matière vivante au sein de la nouvelle vision de la biologie et du cerveau.

- L'observation originale du physicien Laurent Nottale mentionnait que le système astrophysique pourrait être caractérisé par une gigantesque valeur de constante de Planck proportionnelle aux masses du Soleil et des planètes, et ainsi caractériser dans la structure de la TGD la « feuille d'espace-temps » comme intermédiaire dans les interactions gravitationnelles. La fameuse énergie noire serait alors bel et bien partie intégrante des ces couches d'espace-temps.

- Au niveau de la cosmologie, un modèle hautement prophétique émerge, en cohérence avec les découvertes basiques qui ont inspiré la fameuse cosmologie inflationnaire (théorie de l'expansion de l'univers). Il est même amusant de constater que l'évolution de la géologie terrienne et de la biologie de la première heure (explosion cambrienne : apparition soudaine - à l'échelle géologique - des organismes pluricellulaires) pourrait impliquer la nouvelle physique expérimentale à un niveau très concret.

Jusqu'à maintenant, quelle a été la réaction de la communauté scientifique internationale à l'égard de votre travail ? d'après ce que j'ai lu sur votre blog, vous semblez très isolé. Qu'est-ce qui vous rend si dangereux ou dérangeant aux yeux de vos confrères ?

En effet. A part quelques échanges de mails, je suis complètement isolé du reste de la communauté académique. Déjà, lors de mon doctorat, il était clair que je ne recevrais aucun financement pour mes travaux. Pendant plus de quinze ans, les autorités finlandaises de la physique théorique ont condamné mes travaux. J'ai dû quitter mon poste de professeur à l'université d'Helsinki. Il m'est bien arrivé de travailler occasionnellement par intérim à l'université d'Helsinki durant la dernière décennie, mais ce n'est plus le cas durant ces dernières années. Ce qui n'a bien sûr pas facilité mes conditions de travail puisque mes revenus étaient issus d'indemnités de chômage et d'aides du bureau social. La naissance du Web avec ses énormes ressources d'informations a littéralement été ma bouée de sauvetage en tant que chercheur.

Tout cela montre bien que personne n'est un prophète en son pays, mais on peut imaginer beaucoup d'autres raisons à ma situation. Les théoriciens s'identifient puissamment à leurs croyances théoriques, certains diraient même que leur théorie devient partie intégrante de leur corps... Ils prennent du coup comme une insulte intolérable toute remise en question ou tentative de pointer les lacunes de leur théorie, même si quelqu'un en propose une potentiellement meilleure. Les scientifiques se dévouent corps et âme à leur travail, ils nourrissent des objectifs ambitieux. Il semble donc plutôt naturel qu'ils aient à gérer des émotions négatives telles que la jalousie.

L'hégémonie du modèle des super cordes est apparue vers 1984 - en gros six ans après que j'ai réalisé que la TGD permettait de généraliser le modèle des super cordes cosmiques en remplaçant une corde en une dimension par des surfaces 3D, et a très certainement été un facteur décisif. Après la révolution des super cordes cosmiques, proposer une alternative quelle qu'elle soit ne fut qu'une perte de temps complète. Vers 1993, il devint impossible de se procurer quoi que ce soit d'imprimé des archives connues aujourd'hui sous l'appellation ArXiv.org. Par conséquent, ma page d'accueil Web, mon blog, mes communications personnelles ainsi que quelques publications sur commande furent longtemps mes seuls canaux de communication. La plupart de mes collègues ne considèrent même pas l'éventualité que quelque chose qui n'a pas été publié en archives ou dans des revues respectées puisse être digne d'intérêt. Maintenant que l'obsolescence de la théorie des super cordes cosmiques est plus ou moins généralement admise, on peut espérer que ce soit enfin la fin de la censure.

La conception que l'on se fait de la « bonne science », inspirée par la « Big Science » (ndt : terme utilisé par les historiens de la science pour décrire la série de changements qui ont lieu dans les pays industrialisés pendant et après la seconde guerre mondiale, tandis que le progrès scientifique devenait progressivement de plus en plus dépendant de projets à grande échelle initiés par des gouvernements nationaux ou des groupes gouvernementaux), y est pour beaucoup. Il existe depuis la notion de masse critique qui traduit en pratique le fait que l'âge des individualités en sciences est révolu et que pour faire de la bonne science, il faut être membre d'un groupe appliquant une méthodologie raffinée afin de produire un maximum de papiers et d'articles. Une chaîne de montage académique générant un maximum de nouveaux doctorats est également une idée essentielle de cette logique. Dans ce genre d'environnement académique, il n'y a pas beaucoup de place pour le développement de nouvelles théories comme la TGD qui requièrent des décennies de travaux, une dévotion totale des chercheurs impliqués ainsi que, dans l'idéal, une nouvelle conceptualisation et de nouvelles mathématiques capables de nous faire évoluer vers le vrai progrès.


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Titre : MATTI PITKÄNEN « ADN & MÉCANIQUE QUANTIQUE, UNE NOUVELLE COSMOLOGIE DU VIVANT »
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Genre : Interview
Copyrights : Laurent Courau - Traduction de Thomas Fédérici
Date de mise en ligne :

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